Hotel Designer - Hotel Architect – Maidenberg Architecture

La Parisienne

Philippe Maidenberg, un as du decor

Avril 2010

GRAND ENFANT. Le dernier hôtel dont on parle à Paris, le Joyce Hôtel, c’est lui ; le Six, dans le 6e arrondissement, c’est encore lui, le prochain hôtel dans le Triangle d’or, autour du thème de la musique, ce sera encore lui. Et en plus, il crée des meubles…

Il est designer, il réalise des hôtels, il crée des meubles — dont de magnifiques bureaux qu’il vous livre à partir de 450 euros la pièce —, il est architecte, et c’est même sa mère qui lui a suggéré un jour de le devenir : « C’est vrai quoi, pourquoi pas architecte ? » Son grand frère a choisi la photo, lui, sans doute, de s’amuser un peu. Il navigue dans le design sans diktat reçu, il court les projets d’hôtels avec un regard enfantin et parfois cela débouche sur de véritables pépites, comme le Joyce dans le 9e arrondissement de Paris. Un coup magistral pour qui aime loger hors de chez lui. Un long chantier, quatorze mois, compliqué mais passionnant, pour des propriétaires qu’il connaît bien et qui le suivent depuis longtemps déjà. Il aime tout, Philippe Maidenberg, la musique, le design, la couture, les têtes de lit n’ont aucun secret pour lui, et la scène bien évidemment. Il faut le voir raconter sa dernière rencontre avec Riche Lee Jones pour les besoins de son prochain projet parisien, pas très loin de l’Olympia, ou chaque chambre tirera son inspiration d’une personnalité de la chanson.

Il cherche, gamberge en permanence, parle de sa vie d’architecte en souriant tout le temps avec une infinie délicatesse. Il est franc du collier, évoque son côté parigot pur jus, russo-polonais du côté paternel et turc du côté maternel. Ses grands parents, eux, ont atterri en Israël et chez lui, ce sont plus que des souvenirs d’enfance. « Quand j’allais à la plage, mes cousins partaient à l’armée », des images fortes qui fondent une conviction, un destin aussi sûrement. Sa grande force, tout le monde vous le dira dans la profession, c’est sa fidélité aux différents corps de métier qu’il fait travailler, souvent les mêmes, ce, qui offre à ses clients une véritable garantie.

Dans sa structure, pas d’armée, juste quatre personnes qui avancent sur des projets de plus en plus nombreux. Philippe Maidenberg est très demandé, de plus en plus, car il ose des choses que les designers trop rangés à des convictions trop répétitives ne feraient jamais. Ou plus, en tout cas. Lui ne se pose pas ce genre de question. Il a besoin de se sentir habité par un projet, comme lorsqu’il dessine ses meubles, ses bureaux sont si design mais si ludiques, et ses approches si couture. Parfois c’est même un peu fou, il sait mélanger, habiller, travailler sur les luminaires, ses banquettes sont franchement drôles, ses chaises en cuir, «Flower Leather », jouent avec le temps. Parfois il fait des maisons, de temps en temps, ce n’est pas forcément sa quête.

« Ce que je préfère au fond, ce sont les parties communes d’un hôtel. C’est là qu’on peut s’amuser. Il n’y a pas vraiment pas de limites. À part le budget sans doute. Dans les chambres, les gens doivent dormir, c’est plus contraignant. » Avouons-le, dans le cadre du Joyce Hôtel, il s’est éclaté. Lui qui suit chaque chantier avec précision, en improvisant aussi, « parce qu’un lieu se découvre au fur et à mesure. » Comme lui…

Sa plus belle réussite à nos yeux : le Joyce Hotel, dans le quartier de Pigalle, à Paris. Il parvient à caler son inventivité dans les lieux de passage, les lieux de vie des hôtels, et cherche à faire s’entrechoquer ses choix de mobiliers. Tout pourrait ne pas aller ensemble, et justement si…