Boutique hotel musical
Rickie Lee Jones. Archie Shepp. Jacques Higelin. Manu Katché. MC Solaar. Cela pourrait être l’affiche d’un Festival estival. C’est ici le livre d’or à l’envers d’une idée décorative conçue par l’architecte d’intérieur Philippe Maidenberg, à qui l’on doit de nombreux hôtels parisiens, dont Le Six, rue Stanislas, le 123, rue du Faubourg-Saint-Honoré et le Joyce. N’ayant pas froid aux yeux, il s’en est allé demander à ces artistes, chanteurs, jazzmen, de s’impliquer dans le décor des chambres d’un trois-étoiles judicieusement placé à portée de voix de l’Olympia. Tout, du mobilier à l’ambiance, reprend en chœur l’atmosphère de la scène, des coulisses, des concerts, des loges ou de studios. À tel point que Maidenberg a dessiné, à la demande du saxophoniste Archie Shepp, un tabouret de scène réalisé par les ateliers de la manufacture Pleyel. Pas de couac dans le décor : la ligne mélodico-graphique a été assurée par son frère Michel Maidenberg, directeur de création de la revue Faux Q.
Charme amusant
Avec dix-sept établissements parisiens, le groupe Astotel compte parmi les plus entreprenants de la place, visant le créneau commode des trois-étoiles, dont il étire la catégorie en trois registres, histoire de mieux distinguer ses concepts. Le Joyce, inauguré en 2009, relève de la catégorie « prestige », sur le papier du moins, tandis que son décor et ses prestations en font une amusante adresse pleine de malices décoratives signées Philippe Maidenberg, qui a déjà réalisé plusieurs hôtels pour cette même chaîne. Fil rouge: Paris, avec une Tour Eiffel sens dessus dessous. Fil noir : le trompe-l’œil, avec ses têtes de lit de tour style dessinées sur les murs. On boude maintenant sa ceinture au petit déjeuner, pris bien calé dans un siège auto, appui-tête compris. Juste en face, le Monterosa (30, rue La Bruyère. IX’. Tél.: 01 48 74 87 90), Astotel de 36 chambres également réalisé par l’architecte.
Charme
Charme Langlois, ex-Hôtel des Croisés. Que de fois sera-t-on passé devant en se jurant un jour d’y entrer. Il aura fallu l’ouverture de la nouvelle Galerie VU’, dans l’ancien hôtel particulier du peintre Paul Delaroche, juste en face, pour que l’on se décide. Et là, le choc délicieux d’un voyage dans le temps ; mélange décoratif de toutes les belles époques — l’hôtel ouvrit en 1896 —, l’intérieur séduit par son charme désuet, son ambiance d’une autre ère, conservée avec le sourire. «Nouvelle Athènes » ravivée. La dame à l’accueil fait volontiers visiter : l’ascenseur, les couloirs, les sanitaires de couleur pastel des années 1930 et 1950 dans les grandes salles de bains, les luminaires… sur quel bouton a-t-on appuyé pour se retrouver en 1955 ? Il ne manque que Françoise Arnoul en nuisette et c’est un passage de La chatte sort ses griffes que l’on se rejoue. Prévoir d’y dormir et emporter avec soi un bouquin de Léo Malet. Boulevard… ossements, par exemple. L’intrigue de ces « Nouveaux Mystères de Paris » se déroule dans le IXe arrondissement. Ça lui va comme un gant de toilette.
Novembre 2013
Proche du Grand Rex, ce nouvel hôtel rend hommage au cinéma et à ses artistes. Les étages portent les noms des fameux comédiens et metteurs en scène qui ont participé à la décoration des chambres, avec la complicité du designer Philippe Maidenberg : Jean-Paul Belmondo, Claude Lelouch, Agnès Jaoui, Danièle Thompson, Elsa Zylberstein, entre autres… Et sous la verrière, un restaurant comme un plateau de tournage. Action !
123, bd de Sébastopol, Paris 2e (01 40 39 61 23)
Par Élisabeth Cranck-Dumas, août-septembre 2010
La carte hôtelière parisienne s’enrichit de deux établissements à la déco bien pensée.
DANS UN STYLE radicalement différent, lumineux et poétique, l’Hôtel Joyce est une addition de choix à la très branchée Nouvelle Athènes. Le cœur de l’endroit est une aérienne salle de petit déjeuner, abritée par une verrière de type Eiffel, où coexistent joyeusement chaises 5D, carrelage ancien et fauteuils de voiture. Les chambres, blanches et calmes, sont gentiment ludiques — photos de livres en guise de bibliothèque, Wooden Dolls d’Alexander Girard au mur. C’est simple et mignon, et on adore.
Hôtel Joyce, 29, rue La Bruyère, Paris IXe. Tél. +33 (0)1 55 07 00 01
Juste en face de la Gaîté lyrique, ce nouvel hôtel 4 étoiles du boulevard Sébastopol déclare sa flamme au 7e art. Le comptoir d’accueil ressemble à un guichet de salle de cinéma américaine, le mur d’entrée avec ses moulages de mains — clin d’œil aux étoiles d’Hollywood – donnent le ton voulu par l’architecte Philippe Maidenberg. Sur six étages, les soixante-trois chambres ont été réhabilitées avec la complicité d’acteurs. Jean-Paul Belmondo, Claude Lelouch, Danièle Thompson, le duo Agnès Jaoui/Jean-Pierre Bacri, Elsa Zylberstein ou bien Ennio Morricone ont tous joué le jeu et donné un peu de leur intimité. Punching-ball près d’un espalier faisant office de tête de lit et dessus de lit rappelant un peignoir de boxeur dans les chambres Belmondo; décor de pellicules en noir et blanc, bobines de filets empilées en guise de chevets dans celles de Lelouch; chaises venant du décor du dernier film de Danièle Thompson, Des gens qui s’embrassent, pour une chambre à son nom. Mention spéciale pour la 424, dédiée à La Boum! Dans un hôtel où le cinéma est à tous les étages, une salle de projection s’imposait en plus des services attendus dans un 4 étoiles : lobby, bar, espace fitness.
123 Sébastopol. 123, boulevard Sébastopol, V. Tél. 01 40 39 61 23. www.astotel.com